Maria Eva grandit ainsi, assez sérieuse à l’école et développant une belle aisance en musique et au théâtre. En 1934 sa décision est prise, elle sera actrice et non pas enseignante comme sa sœur ainée. Elle suit des cours de théâtre et se distingue assez rapidement, intégrant la compagnie argentine de comédie, jusqu’à tenir le haut de l’affiche au bout de dix ans, durant lesquels elle a peaufiné cet art qui la passionne.
Elle fait ses débuts sur le grand écran en 1937, et accomplit également de nombreuses prestations radiophoniques, tout en continuant de se produire sur les planches. Elle devient une personnalité essentielle, dirigeant son propre théâtre et diffusant ses émissions quotidiennes sur radio Argentine. Elle est partout, extrêmement médiatique, affichant ses opinions sur les droits des femmes, s’essayant au syndicalisme, charismatique, impressionnante de volonté, cette volonté qui ne l’a quittera jamais et finira par la guider vers les plus hautes sphères de l’état.
Elle n’a pourtant que 24 ans lorsqu’elle rencontre Juan Perón en 1944 il est secrétaire d’État au travail, veuf et de 25 ans son ainé. Auprès de lui elle s’engage de plus en plus en politique, en le soutenant d’une manière acharnée, mettant son talent d’oratrice à son service. Grâce à elle il sera brillamment élu en juin 1946 à la tête du pays. Connue pour ses actions envers les travailleurs et les peuples, elle est omniprésente sur la scène politique nationale et internationale, durant les cinq ans qui suivent l’élection, tandis que le couple entame des tournées mondiales pour la promotion et la propagande de ses idées pour l’Argentine en particulier et l’Amérique du Sud en général.
Il lui est reproché de puiser dans les caisses de la nation pour assouvir ses envies de grandeurs lors de ses voyages en Europe, et ses frustrations de petite fille.
Les époux Perón affichent une politique totalitaire et répressive à l’encontre de leurs adversaires. Elle sera à la fois encensée et décriée, caritative et poussant les femmes à s’affirmer, devenant un modèle pour certaines.
Les syndicats de travailleurs la réclament comme candidate à la vice-présidence, mais son état de santé se détériore et elle doit renoncer à ses ambitions, touchée en plein cœur par ces requêtes auxquelles elle n’aurait jamais osé rêver à peine une décennie plus tôt.
Le cancer de l’utérus qu’elle développe dans les mois qui suivent ne l’empêche pas de continuer à se montrer publiquement soutenue par son époux. Elle écrit ses pensées et publie plusieurs livres. Elle meurt à 33 ans à peine, le 26 juillet 1952, laissant le pays en deuil pendant trente jours.
Aimée ou récriée, elle a laissé une empreinte indélébile en Argentine et sur la scène politique internationale. Une icône qui a tout vécu dans l’urgence, et écrit sa propre légende. Le mythe se poursuivit lorsque son cadavre fut enlevé lors du coup d’État qui renversa Perón pour réapparaitre 14 années plus tard.
Elle reste un personnage essentiel de l’histoire de son pays.
